La hernie discale (HD) est une blessure d’un disque intervertébral de la colonne vertébrale. D’un point de vue anatomique, la colonne vertébrale se constitue par un empilement alterné de vertèbres et de disques intervertébraux. La colonne vertébrale compte 24 vertèbres et 23 disques intervertébraux, et les disques se fondent en une colonne antérieure avec les corps vertébraux. Le disque intervertébral est constitué en deux parties: d’un anneau fibreux (annulus fibrosus) formant une enveloppe autour d’un noyau gélatineux (nucleus pulposus).
CAUSES DES HERNIES
La colonne vertébrale subit des forces de compression, de cisaillement et de vibrations qui varient avec les mouvements, les postures et les activités. Le disque sain se comporte comme un amortisseur de chocs, absorbant et répartissant les contraintes mécaniques que subit la colonne vertébrale.
Une étude classique (Nachemson et Elfstrom, 1970) a permis de mesurer la pression intradiscale sur le troisième disque de la région lombaire dans différentes activités. En se servant de la posture debout comme référence, ces chercheurs établissent diverses activités de la vie quotidienne en ordre croissant de contrainte : couché, debout, marcher, se torsionner, tousser, sauter, se cisailler, rire, soulever une charge adéquatement, se pencher en avant avec une charge de 20 kg dans les mains, soulever une charge de façon inadéquate. La flexion avant et le soulèvement de charges sont de loin les activités causant une charge excessive sur les disques étudiés.
Évidemment, Maigne rappelle que plus un disque se situe au bas du rachis plus la charge supportée par les disques s’accroit. Très fréquentes à la région lombaire, les hernies discales se produisent aussi au niveau cervical, et moins souvent à la région thoracique.
TYPES DE LÉSIONS DISCALES
Maigne indique qu’il existe deux types de fissures discales: annulaires et radiées.
Les fissures annulaires sont la conséquence de mouvements de torsion forcées ou répétées dont l’axe de mouvement passe par le tiers postérieur du disque. Ce genre de forces causent un cisaillement provoquant des déchirures circonférentielles de l’anneau. Ainsi, le matériel nucléaire n’est pas touché, et elles ne sont pas détectées aux tests d’imagerie classiques (IRM, SCAN, discographie).
Les fissures radiaires se produisent sous l’effet de traumatismes, d’efforts violents ou de mauvaises postures produisant une compression très forte du disque. Elles peuvent donc s’accompagner de fractures du plateau vertébral. Elles peuvent engendrer une dégradation isolée du noyau ou des fissures radiales de l’anneau. Des fissures radiales assez larges peuvent laisser s’infiltrer du matériel nucléaire. Maigne qualifie les hernies discales en trois degrés (nommés 1 à 3) de pénétration du nucléus dans la fissure. Une HD de troisième degré peut atteindre le tiers externe de la périphérie de l’anneau. Puisque seule le tiers externe de l’anneau est innervé et une fissure radiaire de troisième degré peut devenir douloureuse. À ce stade, la dégradation inflammatoire s’étend sur toute l’épaisseur de l’anneau résiduel et facilite la formation d’une HD sous l’effet d’une force compressive sur le noyau. Plusieurs auteurs (Maigne, 2006; Bergeron et al, 2008) soulignent que la HD symptomatique implique la présence d’inflammation (douleur, œdème, chaleur, rougeur) ou d’ischémie (diminution d’oxygène tissulaire).
PROTRUSION, PROLAPSE, HERNIE DISCALE ET SEQUESTRATION
Sans rupture complète de l’anneau, une fissure discale de troisième degré peut créer un renflement du disque (Maigne, 2006). Magee (2006) nomme ce phénomène une protrusion discale. Un prolapsus se produit lorsque seules les fibres les plus externes de l’anneau retiennent le noyau. Lorsque l’anneau est complètement perforé, la fissure devient fistule et la hernie discale se produit par extrusion d’une partie du matériel nucléaire dans l’espace épidural du canal rachidien. Du matériel nucléaire (noyau et anneau) peut se détacher du disque et produire une séquestration de fragments libres dans l’espace épidural.
Le canal rachidien, au centre de la colonne vertébral, contient la moelle épinière, des racines et des nerfs ainsi que les veines et artères qui les accompagnent, la zone discale affaiblie et l’inflammation qui l’accompagne peuvent entrer en conflit avec ces éléments vasculo-nerveux, comprimer et causer une ischémie tissulaire, c’est-à-dire un déficit d’oxygène dans les tissus comprimés (Maigne, 2006; Bergeron et al, 2008). C’est l’inflammation et l’ischémie qui causent une partie des symptômes associés à la hernie discale.
SIGNES ET SYMPTÔMES DES HERNIES DISCALES
Très fréquentes à la région lombaire, les hernies discales se produisent au niveau cervical, et moins souvent à la région thoracique. Très variés, les signes et symptômes associés à une hernie discale varient selon le niveau vertébral du disque affecté, sa situation et son importance.
En général, une hernie discale peut causer des douleurs locales, projetées (étendues dans la région). Si la hernie discale entre en conflit avec des éléments nerveux, elle peut causer des symptômes neurologiques: une hypoesthésie (engourdissements), des paresthésies (sensations diverses, soit fourmillements, démangeaisons, etc), des douleurs référées (étendues dans un membre), et d’autres symptômes plus spécifiques < la région touchée.
COMPLICATIONS DES HERNIES DISCALES
Souvent asymptomatique, la présence prolongée d’une HD entraîne une dégénérescence accrue du l’étage intervertébral Bergeron et al, 2008). Des affections diverses peuvent accompagner la HD, tels la radiculopathie, l’arthrose, les sténoses spinale et foraminale, le syndrome de la queue de cheval.
Venez lire le prochain article : L’évaluation et le traitement des hernies discales .
jf Duranleau, pht, D.O.
BIBLIOGRAPHIE
Précis d’anatomie clinique d’orthopédie. Thompson, J.C.. Collection Netter. Elsevier Masson (2008).
Pathologie Médicale de l’Appareil Locomoteur (2ième édition). Bergeron, Fortin, Leclaire. Éditions Maloine (2008).
Maigne (2006)
Magee (2008)
(Nachemson et Elfstrom, 1970)